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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 22:56
Invité-es, Katrin Agafia: Revêtir le Christ, Marc 2/13-3/6

13 Jésus sortit de nouveau le long de la mer ; toute la foule venait à lui, et il les enseignait. 14 En passant, il aperçut Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.

15 Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre. 16 Les scribes du groupe des pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples : « Comment ! Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » 17 Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »

18 Comme les disciples de Jean le Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : « Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »19 Jésus leur dit : « Les invités de la noce pourraient-ils jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. 20 Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, ce jour-là, ils jeûneront. 21 Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; autrement le morceau neuf ajouté tire sur le vieux tissu et la déchirure s’agrandit. 22 Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; car alors, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »

23 Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé ; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis. 24 Les pharisiens lui disaient : « Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis. » 25 Et Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui-même et ceux qui l’accompagnaient ? 26 Au temps du grand prêtre Abiatar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l’offrande que nul n’a le droit de manger, sinon les prêtres, et il en donna aussi à ceux qui l’accompagnaient. » 27 Il leur disait encore : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. 28 Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maître, même du sabbat. »

06 …, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr.

 

J’aime à penser que le vêtement de notre âme, si tant est que notre âme porte un vêtement, s’apparente à notre vie. Un vêtement sûrement fait de bric et de broc, rapiécé, troué, ouvert à la tempête et au vent. Parfois, nous le voyons si peu présentable, ce vêtement, que nous le recouvrons d’un grand manteau blanc : celui de notre bonne conscience, un peu comme les pharisiens ou les disciples de Jean : « Pourquoi, alors que nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Ce manteau, nous le fermons, nous le boutonnons, nous l’agrafons, de façon si rigide, qu’il prend vite l’allure d’une armure, sertie de vérités, doublée de « prêt à croire ». Et, derrière cette armure, notre âme … blottie dans un coin, affublée d’un costume d’Arlequin, chaque morceau de son étoffe portant un bout de notre histoire ! Jésus sait. Il sait pour l’armure et pour le costume. Il connaît notre hantise d’être vus, perdus dans ce costume trop grand. Il sait qu’une armure, aussi juste soit-elle, n’a ni visage, ni sourire, ni nom.

Et ce n’est pas cette armure de certitudes, que Jésus est venu appeler, mais bien notre nom, arrimé à notre histoire. Oui, Jésus nous appelle chaque fois que nous aspirons à respirer plutôt qu’à étouffer, à guérir plutôt qu’à mourir, à être plutôt qu’à subir. Chaque fois que nous nous risquons à dégrafer un ou deux boutons, sa voix, en nous, s’élève et nous convoque à la vie. Sa lumière s’engouffre alors derrière ce grand manteau blanc, éclairant l’habit de notre âme autrement. Notre vêtement, tel que Lui le voit et non tel que nous le voyons : non pas un vêtement tâché par trop de péchés, usé par trop de déceptions, et déchiré par trop d’abandons, mais, un simple habit de pèlerin, parsemé de sel et de soleil , un habit brodé de sourires, de larmes aussi, un habit traversé par le souffle de Sa présence.

Et quelle joie, cette Présence ! Nul besoin de jeûner en cet instant où le ciel et la terre se rejoignent, et semblent s’enlacer à tout jamais : « chaleur infiniment discrète d’un amour qui aime au-delà de tout amour »[1]. Les mots se retirent alors sur la pointe des pieds, laissant seul le silence contempler cette étincelle d’éternité.

Pourtant, parfois, cette présence nous est enlevée, sans qu’on en comprenne le sens. Mystérieuse nuit, dans laquelle beaucoup d’entre nous sont plongés, nuit d’autant plus noire, qu’on a autrefois senti cette main de tendresse dans la nôtre. Alors, soit nous nous accrochons au passé, cherchant par tous les moyens à le faire resurgir, soit nous consentons à jeûner, c’est-à-dire, à laisser se creuser, au fond de notre être, un espace pour cet Ailleurs qui nous dépasse. Il est alors question de se laisser dépouiller de fond en comble, jusqu’à perdre toute prétention à sentir ou saisir cette présence ; puis, choisir de se tenir là, debout, marchant au milieu de ce désert de silence, et laisser l’Amour continuer à croire en nous, car au-delà du vide, du rien, il y a encore l’Amour.

Mais, que devient alors ce costume d’Arlequin, couvert de sable et de poussière ? Il se déchire, il explose de l’intérieur : le tissu neuf et la vieille étoffe ne font pas bon ménage. Souvent, nous croyons que nos vies consistent à se construire comme ces petits barrages de cailloux au bord d’une grande rivière, capables de retenir un peu d’eau, alors que nous sommes appelés à être la rivière elle-même. De la même façon, nous cousons un costume pour notre âme, un habit pour la noce, un habit pour le désert, alors que nous sommes appelés à revêtir le Christ, Lui-même. Telle est notre vocation humaine … enfin, telle que Dieu la voit pour nous : non pas un vêtement mal cousu, fait d’étoffes rapportées, mais une tunique d’un seul morceau, éclatante de lumière, reflet de Sa présence. Il y a là, un appel à faire l’unité de notre être tout entier. C’est le « viens, suis-moi » lancé à Lévi, tiraillé entre son statut, son métier et son aspiration à exister pour de vrai. Le bonheur, la joie du Royaume passent nécessairement par cette unité entre le vin nouveau et son outre, entre le contenant et le contenu, entre l’agir et l’être. Tout tient alors dans l’audace de notre réponse : « Lévi se leva et Le suivit ». Ainsi, chaque fois que nous prenons le risque de nous jeter tout entier, en Dieu, nous laissons Son royaume habiller notre cœur. A cet instant, « le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né»[2], un monde de tous les possibles, où l’Evangile se fait naissance pour nous tirer toujours plus haut, vers notre éternité.

Katrin Agafia

 

 

[1] Maurice Bellet

[2] 2 Corinthiens ch 5 V 17

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29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 14:17

PENSER DIEU OU TUER AU NOM DE DIEU

C’est un nouvel article qui vient de paraître sur le blogue : Penser la subversion http://www.penserlasubversion-didierlevy.blogspot.fr/

Avec en sous-titre la question ‘’La spiritualité est-elle un sujet politique ?

 

La thèse qu’il développe ?

En résumé, que la recherche menée à l’intérieur des spiritualités, et plus directement au sein des trois monothéismes, offre le seul levier susceptible d’être opérant à moyen et au long terme pour démonétiser dans les trois religions les articles de foi et les prescriptions tirées de lectures littéralistes, simplistes et réductrices. Et par conséquent pour réfuter les affirmations et les certitudes derrière lesquelles s’enferment le fondamentalisme et l’intégrisme, qui l’un et l’autre doivent être discrédités en ce qu’ils constituent le cheminement naturel menant aux fanatismes.


Le texte proposé appelle ainsi à ce que la recherche éclairée sur les thématiques de la spiritualité prenne une place majeure dans la résistance aux extrémismes religieux, autrement dit à ce que l’exercice du libre examen dans l’investigation du champ de la spiritualité soit érigé en premier défenseur de la liberté de conscience. Une investigation réunissant croyants et non croyants, la fédération de leur parcours intellectuel commun étant cimentée par l’impératif de faire reculer l’emprise de tous les obscurantismes.


L’extrait qui suit donne un aperçu de ce qui fait tenir la spiritualité pour un sujet politique : « … la contestation et la subversion introduites au sein des systèmes dogmatiques et des appareils de pensée archaïsants (…) tirent d’elles-mêmes leur légitimité en vertu de la liberté de conscience. Mais aussi de l’objet qu’on leur assigne (…) : c’est en effet également en tant que sujet politique que la spiritualité, en ce qu’elle est comprise comme champ de recherche et d’approfondissement continu, interpelle les croyances (…). Interpellation qui met leurs fidèles devant l’alternative d’avancer par eux-mêmes dans la lumière et l’intelligence de leur foi en faisant ressource de l’entendement propre à leur temps, ou de consentir à une confiscation perpétuelle du spirituel par des castes sacerdotales accaparant le croire et le dire religieux, ou par bien pire en termes de tyrannie de la pensée. ».


Bonne lecture !
Salut et fraternité.
Didier Lévy.

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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 18:03

Mon trésor, c’est l’instant où, lors de la projection d’un film, j’ai eu cette Révélation que Dieu m’aime, nous aime

Mon trésor, c’est l’instant où, me rendant à la faculté, je suis tombée en admiration d’une petite fleur blanche, fragile, appelée perce-neige ; admiration qui m’a dévoilé, qui m’a révélé que je pouvais faire toutes les études que je voulais mais que l’essentiel est de privilégier les relations humaines ! (Par quel cheminement, je ne sais pas !). Cet instant reste gravé dans ma mémoire, dans mon cœur. Cette Révélation guide ma vie !

Mon trésor est dans ma soif de Rencontres.

Mon trésor, c’est la Révélation de la Fierté de Dieu-Amour, NOTRE Père-Mère pour nous, tous et toutes, ses enfants.

Ces Révélations me sont faites en des lieux, des moments qui ne semblent pas appropriés ! Révélations, comme un éclair, dans la vie de tous les jours.

Mon trésor, c’est la Révélation de sa Présence en mon cœur, en chacun de nos cœurs. Cette conscience de cette Présence qui m’habite, me fait dire comme Paul : « Ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi » tout en ajoutant immédiatement cette autre remarque de Paul : « Je fais le mal que je ne voudrais pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire. » J’aime cette association de ces 2 phrases qui me fait découvrir que cette Présence divine m’habite tout en gardant mon humanité faite de mélange de bon grain et d’ivraie.

Mon trésor est dans cet APPEL : « Alice, si tu veux, viens et suis-moi. »

« Seigneur, tu sais bien que je T’aime ! Tu as donné sens à ma vie : aimer, marcher avec les autres tout en s’épaulant mutuellement, être levain dans la pâte Mais comment répondre à cet appel ? Prêtre ? Moi, femme, je ne peux l’envisager ! Pourquoi ?... !!! Donc vie religieuse ! Mais cette voie m’est déconseillée « car je tombe trop facilement amoureuse » ! Doit-on fermer son cœur ? Et je me retrouve dans le monde, désorientée ! Mais n’est-il pas étrange que répondre à l’appel du Christ se traduise uniquement par « être prêtre ou entrer dans la vie religieuse ?

Mon trésor est dans ma Rencontre de Pierre, de l’amour de Pierre, dans notre mariage. Mais l’Eglise reconnaît-elle que c’est notre manière de répondre avec joie, à l’appel du Christ ? Dans le prochain synode qui va « se pencher » sur la famille, la réflexion ne pourrait-elle pas commencer par valoriser NOTRE VOCATION vécue au sein du mariage ? Répondre à l’appel du Christ en aimant, en m’engageant avec d’autres au cœur de la société pour construire ensemble, un monde plus juste, plus humain, plus fraternel, et pour redonner à chaque personne, sa dignité humaine.

Oui, je crois que j’ai enfin trouvé le chemin pour répondre à cet Appel entendu durant ma jeunesse. Ah ! Si le synode pouvait chercher les routes nouvelles dans une vie de couple, et pas obligatoirement avec une famille.

Dans notre vie de couple :

- S’aimer, c’est se contempler l’une, l’autre mais… aussi s’ouvrir aux autres.

- S’aimer peut prendre un sens lorsqu’on projette de faire ensemble, avec d’autres, une œuvre magnifique, construire ensemble une ’’belle cathédrale’’ ou tout simplement vouloir prendre soin de la dignité de chaque personne et soin de la planète Terre.

-Aimer dans notre vie de couple, en famille, dans le monde, c’est aussi une façon de nous occuper des affaires de Dieu !

Mon trésor est d’avoir reconnu le Christ, cette personne étrangère qui s’est invitée sur le parcours de 2 disciples. Joie de cette Rencontre, de cette Reconnaissance qui me pousse à retourner auprès de mes frères et sœurs dans ce monde. Reconnaître Jésus, l’instant d’un éclair et ma vie en est transformée, dynamisée, comme un sursaut qui me fait goûter la vie dans toutes ses dimensions ! Joie, émerveillement, énergie, audace de parler, d’agir…

Aimer, apprendre à faire confiance en chaque personne

Mon trésor est dans cet instant incroyable où, à la fin d’une partie de cartes, j’ai osé donner mon premier texte à mes ami-es et j’ai alors senti en moi l’effondrement de ces fortes murailles dans lesquelles je m’étais enfermée.

Mon trésor est dans cette rencontre au bord du puits où Jésus me fait découvrir qu’aimer, c’est aussi savoir aller vers l’autre pour lui demander un service. Joie de telles rencontres ! C’est merveilleux ! Et comme pour la Samaritaine, Jésus, tu me donnes soif d’Eau Vive !

Mon trésor est dans toutes mes rencontres, au jour le jour. Je vois, au fil du temps, des personnes commencer à sourire, à reprendre confiance en elles, découvrir la joie de rire ensemble. Tous ces petits miracles d’amour me donnent Joie et Espérance…

Oui, mon trésor, c’est Jésus qui m’anime.

Une personne incroyante de 96ans, pour qui « toutes les religions sont mauvaises » (et dont j’admire sa vie militante), nous a dit, en réunion : « Le Bonheur, c’est le Bien-Vivre ensemble » J’aime cette formule en précisant : dans le respect de l’autre, dans l’écoute et l’attention à l’autre, en luttant contre l’isolement, la solitude, la précarité, en luttant pour une justice sociale…

Oui, cultivons le Bien-Vivre ensemble dans un amour fraternel, pour l’épanouissement de chaque personne.

Alice Damay-Gouin

 

 

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 11:11

« Ils n'ont qu'à se battre chez eux! »

autres niaiseries proférées

par les gens qui sont nés quelque part.

 

Les réfugiés du Proche-Orient et d’autres terres martyrisées qui arrivent à nos portes, que nous commençons à accueillir, ont réveillé beaucoup de consciences, les ont poussées à s’exprimer alors que depuis si longtemps seule la voix d’un égoïsme craintif, soupçonneux et appelant à toujours davantage d’exclusion et à de plus infranchissables frontières se faisait entendre dans le débat public.

 

Mieux encore, parmi les âmes blessées par tant de souffrance et de malheur infligés aux peuples qui vivent sur l’autre rive de notre Mare nostrum , celles qui n’ont pas la ressource matérielle de venir en aide aux réfugiés en conçoivent un sentiment de culpabilité.

 

L’une de ces âmes inquiètes, à l’occasion d’un échange amical de messages entre nous, m’a interpellé : « Que puis-je faire à la place où je suis ? Je cherche! »

 

J’ai essayé de lui répondre. Cela m’a entraîné vers des considérations plus générales sur le drame des réfugiés et sur la capacité de notre société à se conformer au droit des gens et à l’éthique sur laquelle elle repose.

 

L’idée m’est venue (en vérité, j’y ai été aidé) de faire partager ce qui a fait de ma réponse à cette amie à la fois un coup de cœur et un coup d’humeur.

 

Voici cette réponse.

 

‘’Je réponds, chère A ***, à votre « Je cherche ! »

 

‘’Dites-vous bien que c'est déjà considérable, au sens premier du terme, que de chercher ! Au lieu de se confiner dans la peur, dans les peurs imaginaires que le débat public n'a cessé d'enraciner et de rendre plus virulentes depuis 30 ans.

 

‘’Un débat public qui face au drame des réfugiés, à de rares exceptions près, ne fait qu'exposer des postures et des affirmations misérables. Comment, après ça, voudriez-vous que les gens que vous rencontrez, et qui n'ont peut-être pas comme vous une armature de valeurs sur laquelle s'appuyer pour penser juste, ne fassent pas leurs les partis-pris anti islam, les arguments xénophobes, les exhortations à défendre de prétendues identités et les autres absurdités ou indignités que de tous côtés ils entendent promouvoir, y compris par des gens qu'ils imaginent sérieux et responsables ?

 

‘’Assurément l'un des summums du non sens qui nous entoure tient dans ce « ils n'ont qu'à se battre chez eux!" » - avec quoi se battraient-ils (femmes et enfants compris sans doute ... ?) : des frondes, des bâtons, des pierres en face des canons de l'EI ou contre les avions d'Assad qui les bombardent ou les gazent ?

 

‘’Un tel afflux de réfugiés soulève bien sûr des problèmes très lourds et très complexes, en particulier pour les pays d'accueil qui en Europe sont les moins riches et/ou qui voient débarquer sur leurs côtes, ou franchir leurs frontières, le grand nombre de ceux qui fuient l'enfer de Syrie ou de Libye (ou d’Érythrée). Et encore n'est-ce numériquement pas grand chose à côté des déplacements de populations qui impactent les pays du Proche Orient, le Liban notamment.

 

‘’Chaque tragédie, chaque cataclysme de l'Histoire a produit des exodes aussi massifs, soudains ou continus, d’êtres humains ou de peuples entiers qui tentaient de leur échapper (par exemple, les juifs de Russie et de Pologne fuyant au XIX ème siècle les pogromes encouragés par le pouvoir tsariste, ou, bien avant, les peuples et tribus d'Asie méridionale rejetés vers l'ouest par les invasions mongoles [1] - et pour ne rien dire de notre propre exode de 1940 devant l’avancée de l’armée allemande).

 

‘’Rien dans les difficultés que soulève et que soulèvera l'afflux de réfugiés n'est cependant insoluble pour l'Union européenne dans sa globalité, compte tenu de son niveau de développement économique et de ses infrastructures sociales. Ce qui rend encore plus immonde - et plus stupide - les déclarations par lesquelles on se refuse à recevoir des réfugiés musulmans au motif qu'on est une vieille terre chrétienne : "terre chrétienne", la Hongrie - et la France - le sont-elles par le roman national que leurs écoliers lisent dans leurs livres d'histoire, ou parce que des chrétiens y ont en mémoire, et dans le cœur, l'injonction évangélique : « j'étais un étranger et tu m'as accueilli » ?

 

‘’Pour le reste, quel sens y a-t-il à mettre systématiquement en doute la capacité que les réfugiés auraient à s'intégrer ? Particulièrement en France où des étrangers, migrants "économiques" et réfugiés de tous horizons, n'ont cessé au fil du temps de le faire - des Polonais venus travailler dans nos mines jusqu'aux boat people vietnamiens ? Au reste, nombre des syriens qui arrivent n'appartiennent pas aux catégories les plus pauvres de leur pays (le prix à payer aux passeurs ...), sont formés, parlent anglais etc.

 

‘’Ceux qui aujourd'hui représentent l'échec de l'intégration à la française ne viennent pas d'ailleurs : ils sont la deuxième, voire la troisième génération d'une immigration, et c'est la fracture sociale, le chômage, la précarité, l'exil culturel intérieur et son corollaire le communautarisme et d’identitarisme qui ont fait et font obstacle à leur intégration.

 

‘’Enfin, ne vous frappez pas trop du peu que vous pouvez apporter pour soulager cette misère du monde, la misère des peuples devant la guerre et la terreur. L'empathie est peut-être le tout premier bien que les réfugiés attendent de nous.

 

‘’Au regard ce devoir d’empathie, de cette exigence intérieure, le discours des hommes publics est dans son ensemble accablant : là encore à de rares exceptions près, il traduit une inhibition de l'intelligence et du courage devant la propagande du FN : faux-semblants, faux-fuyants, double langage, contre-vérités et course électoraliste à la déclaration qui réunira le plus démonstrativement une conjonction de non sens et d'ignominie. Les mots ici ne sont hélas pas trop forts.

 

‘’La palme en la matière revenant sans doute à la mise en garde adressée à ces réfugiés de guerre - dont on souligne avec insistance, en y mettant tout ce qu’il faut du registre ‘’faux-cul’’, qu'on est bien forcés de les recevoir - pour leur signifier que la guerre finie, ils devront repartir chez eux.

 

‘’Dans les 48 h ou dans la semaine ?

 

‘’Qui peut imaginer que, pour le plus grand nombre, rentrer chez eux le plus tôt possible, pour y retrouver les leurs - famille, parents, enfants éventuellement, amis - pour autant que ceux-ci auront survécu, et pour y reconstruire leur vie avec ce qu’ils retrouveront de ce qu’ils ont dû abandonner, c'est-à-dire ce qui leur restait à leur départ après des mois de guerre civile, n'est pas la prière la plus ardente qu'ils adressent à leur Dieu,?

 

‘’Celui qu'ils ont tant prié, la peur au ventre, sur les embarcations qu'ils ont dû utiliser pour traverser la Méditerranée et à chacune des frontières qu'ils ont réussi à franchir’’.

 

‘’L’espoir trouve au total peu de place, chère A ***, dans la réponse que je vous fais. Prions pour que ce soit de ma part un manquement à l’espérance et non une preuve de lucidité’’.

 

Didier LEVY

 

Vous pouvez retrouvez cet article sur le blog de Didier Lévy en cliquant :

http://penserlasubversion-didierlevy.blogspot.fr/

 

 

 

[1] entraînant la fin de l'empire Khazar, disparition qui est pour la plus large part à l'origine du judaïsme ashkénaze.

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 18:18

« Vive la mort » : tel est bien le mot d’ordre qui aujourd’hui se fait entendre partout où les fanatismes assouvissent leurs pulsions homicides, déchaînent leur violence et leur cruauté, se livrent à leur œuvre d’extermination.

Défenestrer, trancher les gorges, passer au fil de l’épée ou faire brûler vif, sans préjudice bien sûr des multiples autres moyens praticables de supplicier et de mettre à mort, ont toujours formé l’idée que les fous de Dieu, de toutes croyances, convaincus d’avoir à purger le monde des hérésies et des déviances, se font faites de l’excellence de la piété. En ce que tout ce sang à faire couler, toutes ces vies à supprimer, tous ces bras corrompus à amputer constituaient exactement ce que leur Créateur leur commandait d’accomplir.

Que ce Dieu fût dépeint comme miséricordieux et qu’il eût édicté en premier commandement pour les justes de ne pas tuer, que ces hérésies et ces déviances à éradiquer fussent déterminées de leur seule appréciation ou approximation de la vérité et de la loi, n’ont jamais arrêté le bras des assassins, n’ont pas seulement instillé en eux un doute ni même suscité une hésitation sur l’’adéquation de leurs crimes aux desseins de leur Dieu. Rien n’a été susceptible de faire trébucher leur aveuglement - et c’est bien à cela au reste que le fanatisme se reconnaît.

Rien ne leur a paru leur assurer une entrée plus certaine dans le paradis de leur foi que de mourir en faisant mourir des infidèles et des mécréants. Comme si rien ne comblait davantage un Père bien-aimant que de les voir ceinturés d’explosifs se faire exploser dans un autobus, devant un poste de police ou milieu d’un mariage.

Pour que la violence perpétrée expose autant sa légitimité religieuse que sa fureur meurtrière, l’œuvre de mort devait être validée par l’Ecriture la plus sacrée : on y a trouvé, par le travestissement absurde que fournit toute lecture prise ‘’au pied de la lettre’’, de quoi transformer la plus indicible horreur en commandement divin, ou de quoi justifier à des sources infiniment lointaines et incomprises la spoliation la plus éhontée ou la discrimination la plus avilissante. On sait que « la lettre tue et que l’esprit vivifie », et en l’occurrence la lettre n’a jamais fait défaut à aucun fanatisme.

Pour nous, européens, ce « Vive la mort » résonne à présent à nos portes, mais nous ne l’entendons distinctement qu’à la mesure du dérangement et de la peur que nous causent celles et ceux, de tous âges, qui fuient les égorgements, les décapitations, les bûchers, les crucifixions et les viols, ou tout simplement - si on ose en l’espèce employer ce ‘’simplement’’ (mais rien ne se banalise aussi vite que la représentation des violences guerrières) - les tirs d’artillerie, le fracas meurtrier des bombes, la pénétration de colonnes des chars dans les rues de leur village ou de leur quartier, les brouillards mortels des armes chimiques et les rafales de kalachnikovs.

Dès lors que nous sommes bien forcés de l’entendre, et pour autant que nous voulons l’entendre avec une volonté de résistance, ce « Vive la mort » nous confronte à un constat : celui de l’absence de réponse où nous nous trouvons, ou au mieux celui du très petit nombre de réponses, parcellaires et incertaines de surcroît, que nous sommes à même de mobiliser face à cette formulation paroxystique du fanatisme et à la folie sanglante à laquelle elle donne libre cours.

D’où l’importance de la lecture, ou de la relecture, qui est proposée ci-après de la protestation de l’intelligence exprimée pendant la Guerre d’Espagne par le philosophe Miguel de Unamuno.

Elle vaut contre tous les fanatismes, religieux ou laïcs -, contre tous les totalitarismes - cléricaux ou politiques.

Il est des prises de parole qu’il ne faut pas laisser s’effacer des mémoires, et maintenant moins que jamais.

Didier Lévy - 11 09 2015

 

Discours de Salamanque

MIGUEL de UNAMUNO [1]

Le 12 octobre 1936, pour le "Jour de la Race", se tenait une cérémonie à l'Université de Salamanque, en zone nationaliste: Cérémonie sous la présidence de Miguel de Unamuno - philosophe catholique de tendance conservatrice et recteur de l'Université - et en présence du général Millan Astray, fondateur de la Légion Etrangère espagnole, ‘’gueule cassé’’ et grand mutilé de guerre (il avait perdu un bras et un œil dans des opérations militaires coloniales au Maroc) et proche collaborateur et futur ministre de Franco. Au moment des discours fut lancée du fond de la salle le cri de guerre de la Légion Etrangère « Viva la Muerte ! » dont le général Millan Astray était l’inventeur. Celui-ci approuva bruyamment et échangea avec la salle les mots d'ordres franquistes et phalangistes : "Espagne !-Une !", "Espagne !-Grande !", "Espagne !-"Libre !". (…). Puis Miguel de Unamuno, se leva pour son discours de clôture qui devait être son ultime allocution publique (l'Université "réclama" et obtint sa révocation, et Unamuno mourut le dernier jour de 1936).

Il déclara :

‘’Je viens d’entendre le cri nécrophile « Vive la mort » qui sonne à mes oreilles comme «A mort la vie ! » Et moi qui ai passé ma vie à forger des paradoxes qui mécontentaient tous ceux qui ne les comprenaient pas, je dois vous dire avec toute l’autorité dont je jouis en la matière que je trouve répugnant ce paradoxe ridicule.

‘’Et puisqu’il s’adressait au dernier orateur [le général Millan Astray] avec la volonté de lui rendre hommage, je veux croire que ce paradoxe lui était destiné, certes de façon tortueuse et indirecte, témoignant ainsi qu’il est lui-même un symbole de la Mort.

‘’Une chose encore. Le général Millan Astray est un invalide. Inutile de baisser la voix pour le dire. Un invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Mais les extrêmes ne sauraient constituer la norme. Il y a aujourd’hui de plus en plus d’infirmes, hélas, et il y en aura de plus en plus si Dieu ne nous vient en aide. Je souffre à l’idée que le général Millan Astray puisse dicter les normes d’une psychologie des masses. Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès qui était un homme, non un surhomme, viril et complet malgré ses mutilations, un invalide dis-je, sans sa supériorité d’esprit, éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés.

‘’Le général Millan Astray ne fait pas partie des esprits éclairés, malgré son impopularité, ou peut-être, à cause justement de son impopularité. Le général Millan Astray voudrait créer une nouvelle Espagne – une création négative sans doute- qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée, ainsi qu’il le donne inconsciemment à entendre.

De nouvelles interruptions se firent entendre (dont « A bas l’intelligence ! », autre cri de ralliement cher au général Millan Astray).

Miguel de Unamuno poursuivit :

‘’Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. Vous profanez son enceinte sacrée. Malgré ce qu’affirme le proverbe, j’ai toujours été prophète dans mon pays. Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat.

‘’Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai dit’’.

 

[1] Texte tiré de "La Guerre d'Espagne" de l'historien Hugh Thomas (Ed. R. Laffont).

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 16:18

Cet enseignement a été donné lors d'un WE au centre spirituel du cénacle de Versailles par Brigitte Chazel de la Communion Béthanie.

 

"Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse" (Ps 139)

 

En réfléchissant à ce thème, je me disais que finalement il était tout à fait dans la continuité de ce que nous avons écouté, médité pendant 2 ans : ‘ le OUI inconditionnel de Dieu sur nos vies’… la continuité de ce mouvement est bien de s’accueillir soi-même comme un don.

Accueillir ce que l’on est, tout ce que l’on est, avec son histoire, sa personnalité, sa famille, son orientation sexuelle, son identité de genre, ses dons et ses talents, son état de vie, ses limites et ses fragilités.. tout ! Toute la palette de l’arc-en-ciel de notre humanité. C’est sans doute le labeur de toute une vie, labeur qui peut donner le vertige.. d’ailleurs, est-ce possible ? J’aurais envie de dire OUI, car il s’agit d’un mouvement d’accueil, d’ouverture de plus en plus grande, dont l’impulsion première ne nous appartient pas ! C’est un DON, cela est appelé à être un Don qui s’incarne et devient conscient dans toute notre vie parce qu’à l’origine, il y a la Grâce de la rencontre, d’un JE (Dieu) qui vient rencontrer un TU .. mouvement dont nous ne sommes pas à l’origine mais dont nous sommes les bénéficiaires et qui va être à l’origine de notre propre mouvement intérieur.

Rappelez-vous votre première rencontre avec le Tout-Autre, votre premier rendez-vous amoureux avec Dieu, le Créateur, l’Amour, le Christ, la Vie.. quel que soit le nom que vous lui donnez. Cette première étincelle de grâce qui vous a été adressée personnellement, et même très intimement, et qui fait voir tout autrement, sous cette lumière, qui –si l’on est bien attentif- marque un avant et un après dans notre vie.

C’est Zachée, le collecteur d’impôts qui entend son prénom prononcé par le Christ, c’est le buisson ardent face à Moïse, c’est une parole biblique qui devient vivante et initie un dialogue, pour certains ce sera une promenade dans la nature, la rencontre avec un animal, un moment de silence intense d’où l’on ressort touché et bouleversé. C’est la parole d’un Dieu d’Amour qui a besoin de ses créatures pour exister, qui n’existe lui-même –ou elle-même !- que dans le DON.

Cette première rencontre nous sort de nous-mêmes, nous déplace et nous met en mouvement.. et en mouvement vers quoi ?

Je dirais un double mouvement, ou un mouvement qui nous oriente vers deux directions qui ne s’opposent pas, qui vont de pair.

Une histoire d’amour qui commence ne donne envie qu’une seule chose, retrouver l’être aimé(e), retrouver la Parole d’amour. Ce mouvement de retour va s’enrichir d’un face à face constant avec soi-même. Plus ce dialogue avec Dieu va se vivre en vérité, plus nous serons amenés à découvrir notre propre vérité en Dieu, avec Ses lunettes à Lui ou à Elle, découvrir notre visage sous la clarté de Sa Tendresse. Ce dialogue est donc à l’opposé d’une fuite, d’une fuite de nous-même, du monde et des autres puisqu’il nous ramène sans cesse à notre propre complexe humanité.. dans un face à face parfois merveilleux, parfois discret voire désertique, et parfois douloureux.

C’est donc d’abord apprendre à se connaitre, comme un DON, c’est-à-dire sous cette Lumière bienveillante, la lumière de cette parole d’Amour qui a été première et qui nous invite à une confiance profonde, tout en nous gardant de nous leurrer sur nous-même.

Apprendre à se connaître sous cet éclairage c’est entrer dans ce mouvement de tout accepter en nous pour le laisser se transformer, pour laisser le Seigneur continuer à œuvrer en nous, tout sauver en nous, l’ombre liée à la lumière, sans décider de ce qui est bien ou mal, sans faire de clivages en nous mais en commençant par assumer tout ce que l’on est. Sa lumière nous permet ensuite d’identifier ce qu’il nous est demandé de faire passer à la lumière.

Enfin, dans une société si normative qui valorise certaines caractéristiques et en déprécie d’autres, c’est être résistant, c’est résister à cette volonté de fondre les êtres humains dans le même moule, leur retirer la diversité, la diversité infinie qui est la marque de la création de Dieu, qui est le reflet de l’infinie créativité de notre monde.

 

Ce mouvement d’accueil intérieur nous pousse ensuite à manifester cet accueil inconditionnel autour de nous.. sans juger, sans vouloir séparer à tout prix l’ivraie du bon grain mais en œuvrant de toute notre force pour que la Parole qui libère, qui relève, qui donne vie, soit accueillie et qu’elle oriente toute l’existence vers Dieu.

Brigitte Chazel

 

 

 

 

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31 juillet 2015 5 31 /07 /juillet /2015 20:24

Cet article est paru sur le blog : féministes et croyante, oui !

Les récents événements de Reims montrent la pertinence de cette analyse puisque les motifs religieux n’étaient que des conclusions hâtives et sans fondement.

Merci à Michelle C.Drouault de me permettre de publier son article.

http://christine-amina-esther-andco.eklablog.com/le-prisme-du-religieux-a118255772

 

Voici quelques décennies, nul n’aurait eu l’idée d’expliquer le comportement d’une personne, ou le mobile d’un de ses actes, par son appartenance, réelle ou supposée, à une confession.

Cette époque semble révolue.

Véritable tarte à la crème qui dispense de toute recherche sur la réalité des drames humains, l’appartenance confessionnelle est désormais brandie par la presse comme l’argument suprême qui, soit insinue l’évidente culpabilité des individus, soit est une entité explicative en elle-même, et fait fi de toute autre considération.

Les musulmans et les chrétiens catholiques payent un lourd tribut à cette conception manichéenne de la nature humaine, et à ces fausses lapalissades.

 

C’est « forcément » parce qu’ils sont musulmans que des individus en rupture sont soupçonnés d’être « en voie de radicalisation » ; et on interroge l’entourage avec angoisse : cet homme était il très religieux ? Un imam faisait remarquer à juste titre qu’une grande dévotion ne signifiait EN AUCUN CAS un début de radicalisation, qui elle, relevait du fanatisme ou de la dérive sectaire ; et qu’on ne pouvait placer un espion derrière chaque fidèle…

Faire Ramadan est un mauvais point, qui rend d’emblée une personne plus suspecte que d’autres.

L’appartenance à l’Islam comme preuve de tendance à la violence prend le pas sur les difficultés sociales, familiales, ou professionnelles d’un individu. Coupable, forcément coupable, parce que musulman, aurait dit Duras…

 

Dans un autre registre, il en est de même des catholiques. Etre une personnalité politique notoirement catholique est extrêmement difficile, car toutes les prises de position de cette personne seront ramenées à sa foi, sans qu’il soit du tout tenu compte des mouvances diverses du catholicisme auxquelles elle peut se rattacher, et des prises de distance qui existent avec le magistère concernant des sujets de société.*

 

Dernièrement, l’affaire Vincent Lambert nous a paru le modèle même de cette grille de lecture simpliste et obsessionnelle, qui explique tout par le fait religieux.

Rappelons que Vincent Lambert, âgé aujourd’hui de 38 ans, a été victime en 2008 d’un grave accident de la route. Tétraplégique, il se trouve depuis dans un état que les médecins du CHU de Reims qualifient de « pauci-relationnel». Une partie de sa famille, dont son épouse, souhaite un arrêt des soins, ce qui entraînerait sa mort ; l’autre, et en particulier ses parents s’y opposent avec fermeté.

Qu’est ce qu’un état pauci-relationnel ? Il ne s’agit pas, comme l’écrivent certains journaux, d’un état végétatif. C’est un état dans lequel le patient garde une conscience de son environnement, mais ne peut pas répondre aux stimulations de manière cohérente.

Il peut ressentir de l’émotion et de la douleur.

Par ailleurs, Vincent Lambert n’est pas relié à une machine qui le maintient artificiellement en vie. Il est seulement nourri et hydraté artificiellement, car un manque de réflexes, semble t-il, l’empêche de déglutir.

Il ne nous appartient pas ici de prendre parti.

Mais seulement de déplorer la partialité des media, qui ne voient qu’une explication à ce drame qui multiplie les rebondissements judiciaires : les parents sont des « catholiques convaincus », ou des « catholiques traditionnalistes ». Certains organes de presse les présentent même comme « liés à la fraternité St Pie X «, sans en avoir aucune preuve.

Il ne leur vient pas à l’esprit que le sujet n’est pas la religion supposée de ces parents, mais leur douleur extrême de voir mourir leur enfant ; leur peur panique que cette mort soit douloureuse, enfin tous les tourments insupportables de parents confrontés à la maladie grave de celui ou celle qu’ils ont mis-e au monde.

Faire le deuil d’un enfant est pour certains quelque chose de pratiquement impossible.*

Il semblerait surtout que dans cette panique de voir son fils mourir de faim et de soif (c’est la dure réalité d’un tel arrêt de soins), Madame Lambert se soit entourée de conseilleurs qui en ont profité pour instrumentaliser l’affaire dans le sens d’une vitrine pour une idéologie rigide sur la fin de vie.

La douleur de cette mère et de ce père n’est ni respectée, ni entendue. Elle ne l’a pas été dès le départ. Rappelons que la première décision d’arrêt de soins du CHU avait été prise sur simple consultation de l’épouse du patient, en excluant parents et famille, et a été annulée de ce fait.

La polémique a fait rage. Oubliant toute compassion, certains journalistes se sont érigés en donneurs de leçons sur le fait qu’être mère signifiait se détacher un jour de son enfant, et le laisser partir…

Cette femme a besoin de soutien. Et elle n’en a apparemment trouvé que dans des mouvements catholiques. Deux évêques qui n’ont rien d’intégristes viennent d’appuyer sa démarche dans une réflexion assez raisonnable sur notre peu de maîtrise de la vie et de la mort.

L’affaire est complexe. Pour l’épouse de Vincent Lambert, il est sans doute également intolérable de continuer à voir l’homme qu’elle a aimé dans cet état. Peut être se voit-elle acculée à une vie sans issue.

Nous n’avons pas la réponse. Les débats se poursuivent. Aucune décision n’a pu actuellement être prise.

Mais quand un quotidien titre : « Affaire Lambert, la menace intégriste », sous-entendant que seule une appartenance confessionnelle et idéologique est le moteur de ce refus obstiné de la mort d’un enfant que nul ne peut juger, cela frise l’indécence.

Une menace, qui est menacé ? De quoi ? L’enjeu de la vie d’un être humain mérite qu’on se pose quelques bonnes questions :

Est-ce une telle victoire d’avoir le droit d’arrêter la vie de quelqu’un alors qu’il est vulnérable et incapable de se faire entendre ? Que savons-nous de la volonté de Vincent Lambert ?

Il ne s’agit pas d’une personne en fin de vie qui réclame que l’on abrège ses souffrances, comme cela s’est déjà produit. C’est la toute la complexité et la délicatesse de cette dramatique histoire.

On peut aussi s’interroger sur le sens du refus de l’hôpital de laisser le patient être transféré dans un autre établissement.

Mais une chose est certaine : les simplifications sur le « religieux » sont en train d’obscurcir le jugement de nos contemporains.

 

Michelle .C. DROUAULT

* 1 Protestants et orthodoxes échappent à ce processus, par quelque mystérieuse alchimie des classifications arbitraires…Quant aux Témoins de Jéhovah, bien que leur prosélytisme soit internationalement connu, les media leur laissent une paix royale !

 

* 2 Récemment, de jeunes parents d’une petite fille prématurée sont également revenus sur leur décision d’arrêt de soins, au grand « étonnement » de l’équipe médicale… Comme si prendre une telle décision était simple !

 

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 16:10

’LE FUMIER DU DIABLE, L’AMBITION SANS RETENUE DE L’ARGENT QUI COMMANDE’’.

 

Une lecture du discours du pape François à la 2e rencontre mondiale des Mouvements populaires à Santa Cruz de la Sierra (Bolivie) - 9 juillet 2015

 

Jamais un pape n’avait parlé de la sorte et affirmé un pareil engagement à la fois dans l’affirmation des idées et par le choix des mots ! Pour qu’il en eût été autrement, sans doute aurait-il fallu que les hiérarques romains d’alors allassent chercher le saint d’Assise pour l’installer (de force !) sur le siège de l’apôtre.

 

A nous toutes et tous qui vivons sous le règne de la communication et de ses maîtres d’œuvre, quel étonnement au fond que le choix nominal inédit de ‘’François’’ par ce pape-ci ait été porteur d’une si totale vérité, qu’il se projette mois après mois et jusqu’à cette prise de parole au cœur de la Bolivie comme la démonstration éclatante d’une adhésion intime et résolue à la spiritualité et à l’engagement évangélique de François d’Assise.

 

Y compris, bien sûr, dans la citation qui en est faite, et qui parle tant à notre monde d’aujourd’hui qu’il s’en dégage une dimension prophétique, de « la petite sœur Mère terre ».

 

Le fil invisible qui unit chacune des exclusions

 

Ce discours balaye l’image des prudences séculaires (et des compromissions) de l’Eglise-institution dans la puissance, le courage et la lucidité du diagnostic posé - « les choses ne vont bien quand éclatent tant de guerres absurdes et que la violence fratricide s’empare même de nos quartiers(…) quand le sol, l’eau, l’air et tous les êtres de la création sont sous une permanente menace. » -, et tout particulièrement dans l’affirmation de ce « fil invisible qui unit chacune de ces exclusions ».

 

Quelle voix ‘’autorisée’’ s’est jamais élevée dans nos temps modernes parmi les institutions des églises chrétiennes, les clercs de tous grades, la cohorte des laïcs investis du privilège de porter la parole ou l’écrit, pour énoncer simplement ceci : « un système qui est devenu global. (…) a imposé la logique du gain à n’importe quel prix sans penser à l’exclusion sociale ou à la destruction de la nature ». Et encore moins pour en tirer la conséquence « S’il en est ainsi, disons-le sans peur, nous voulons un changement, un changement réel, un changement de structures ».

 

Admirable retournement, ou déploiement, d’un célèbre ‘’N’ayez pas peur !’’, qui salue « une attente, une intense recherche, un ardent désir de changement » présents parmi les peuples du monde.

 

Le droit aux ‘’trois T, terre, toit et travail’’.

 

L’habitude est commodément établie de penser tiers-monde quand la misère, le dénuement et la faim sont en cause. Ce discours remet en ordre la juste perspective : l’exigence que contient la réaffirmation du droit aux ‘’trois T, terre, toit et travail’’ cogne bel et bien à nos portes, s’expose dans nos rues, dans les couloirs de nos métros et dans tous les lieux familiers et connus où nous nous ne la percevons pas ou plus à force d’être confrontés au chômage, à la précarité et à l’exclusion.

 

Pas un mot, pas une image, pas une déclinaison de l’amour et de l’espérance - « la globalisation de l’espérance » - ne fait défaut à ce discours, que ce soit dans ce qui est exprimé ou dans ce qui chemine irrésistiblement dans l’entendement du lecteur. Rien ne manque à l’évocation des victimes, « les plus humbles, les exploités, les pauvres et les exclus » et des maux qui les accablent.

 

L’inventaire des plaies présentes de l’humanité

 

Pas un seul des sujets des crises contemporaines n’est éludé. Ceux auxquels, par conformisme et dans l’allégeance à l’hégémonie de la culture marchande, on conçoit le moins de résister sont désignés pour ce qu’ils sont - notamment dans la mise en cause de « la concentration sous forme de monopoles des moyens de communication sociale qui essaie d'imposer des directives aliénantes de consommation et une certaine uniformité culturelle (et qui) est l’une des autres formes que le nouveau colonialisme adopte. C'est le colonialisme idéologique. ».

 

Mais ce qui est bien mis au tout premier plan, c’est la dénonciation d’un modèle« le capital est érigé en idole et commande toutes les options des êtres humains, (ou) l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique », et le refus opposé « à une économie d'exclusion et d'injustice où l'argent règne au lieu de servir. (A une) économie qui tue. (Qui) exclut. (Qui) détruit la terre nourricière », qui détruit la création.

 

Bousculons les chronologies et demandons-nous, en tant que Français et qu’européens, ce qu’entre autres, auraient écrit sur ce pape ‘’partageux’’ qui exhorte à prendre jalousement soin de la maison commune et de distribuer convenablement les biens entre tous, un Lammenais, un Mounier, un Mauriac ou un Graham Greene ?

 

Et avec plus de questionnement encore, qu’en aurait dit, et avec quel souffle, les deux grands voix de Victor Hugo et de Jean Jaurès ? Comment leurs spiritualités personnelles et leurs indignations auraient-elles entendu cet évangile annoncé aux ‘’misérables’’ et aux ‘’exploités’’ depuis la lointaine Bolivie ?

 

Une économie politique pour l'être humain.

 

La doctrine sociale de l’Eglise, historiquement datée, est certes saluée à sa bonne place, mais le message ouvre sur un dessein plus vaste et plus volontariste et pour tout dire révolutionnaire : il fait rien moins que de définir « une économie juste », en posant l’équivalence entre « une économie vraiment communautaire » et « une économie d'inspiration chrétienne ».

 

De cette économie, il énonce les critères : « que chaque personne puisse jouir d'une enfance sans privations, développer ses talents durant la jeunesse, travailler de plein droit pendant les années d'activité et accéder à une retraite digne dans les vieux jours ».

 

Critères qui martèlent que c’est là « une économie (pour) l'être humain, en harmonie avec la nature », et auxquels s’ajoute la proclamation d’une vérité qui a tout pour faire grincer des dents : « la propriété, surtout quand elle affecte les ressources naturelles, doit toujours être en fonction des nécessités des peuples ».

 

Un discours exemplairement évangélique par ce qu’il porte d’humilité.

 

Exemplarité supplémentaire : le message ne méconnaît pas la complexité du monde et ce qui est plus neuf encore pour l’Eglise-institution, il porte un ton et des phrases où l’humilité et le respect de l’autre viennent comme s’ils coulaient de source depuis toujours chez les successeurs de Pierre.

 

Ainsi en est-il du « Ni le Pape ni l'Eglise n’ont le monopole de l'interprétation de la réalité sociale ni le monopole de proposition de solutions », ou de l’appel au soutien des « croyants et non croyants », aux vœux demandés à qui « ne peut pas prier »

 

Et évangélique en ce qu’il ne se fige pas dans une immuabilité de l’entendement de la Parole, mais en ce qu’il dévoile et annonce une signification majeure de cette Parole pour notre temps !

 

On nous interrogeait, il y a peu de temps, sur le point de savoir ce que nous aimerions que le candidat de notre choix pour 2017 nous donne alors à entendre et à lire.

 

Et si la réponse à cette question se trouvait, mieux que dans tout autre projet ou programme, probablement incertain, timoré ou péniblement formulé, dans ce paragraphe du discours du pape François qui s’ouvre sur « La juste distribution des fruits de la terre et du travail humain … » et qui se termine sur la splendide évocation « … des poètes sociaux, des créateurs de travail, des constructeurs de logements, des producteurs de nourriture, (…) pour ceux qui sont marginalisés par le marché mondial ».

 

Paragraphe qui mène à une dénonciation, qui vaut elle aussi programme politique - et oh combien dans l’actualité des semaines où nous sommes et d’abord de la crise grecque.

 

Une dénonciation du « nouveau colonialisme » des institutions financières et des entreprises transnationales, et un programme politique planétaire d’opposition et de substitution face au « pouvoir anonyme (…) des corporations, des prêteurs sur gages, (de) quelques traités dénommés de libre commerce et (face) à l'imposition de mesures d’austérité qui serrent toujours plus la ceinture des travailleurs et des pauvres ».

 

Pour qui a entendu, pour qui lit ce message, ce qui s’y découvre n’est-ce pas une charte de l’alter mondialisme nourrie de l’esprit franciscain ? Et, au-delà, l’architecture d’une revendication et d’une révolution de la dignité humaine sur laquelle l’ex-archevêque de Buenos imprime l’image à la fois d’incroyable modernité et d’intemporabilité du saint d’Assise ?

 

Un discours qui a vocation à se conjuguer avec toutes les aspirations à élever l’humaine condition.

 

Ce qui confère une place historique à ce message, c’est encore que l’appel qu’il fait si vigoureusement et si profondément retentir est conçu pour converger avec toutes les démarches de pensée qui ont cette élévation de l’humain pour dessein.

 

Rein n’y fait obstacle, rien n’y pose condition - excepté pour ce que commande l’éthique de la liberté et de la démocratie - à ce que la vision économique et sociale de l’Eglise dont il est l’initiateur se fédère avec les autres mobilisations, non confessionnelles ou non croyantes, qui sont parties prenantes à l’impatience, de mieux en mieux audible, d’un changement radical dans la gestion des affaires du monde et dans la direction donnée au fonctionnement interne des sociétés [1].

 

Et dans cette fédération des « semeurs de changement », dans cette pluralité des positionnements et des engagements « qui n'attente pas à l’unité, mais la renforce » - une unité fondée sur un but commun -, il peut être dévolu à l’Eglise de porter en première ligne la mise en perspective qui éclaire le discours du pape François : « Le changement (doit être) conçu non pas comme quelque chose qui un jour se réalisera parce qu’on a imposé telle ou telle option politique ou parce que telle ou telle structure sociale a été instaurée. Nous avons appris douloureusement qu'un changement de structures qui n’est pas accompagné d'une conversion sincère des attitudes et du cœur finit tôt ou tard par se bureaucratiser, par se corrompre et par succomber ».

 

Une mise en perspective du processus de changement dont aucune église chrétienne, aucune filiation à l’Evangile n’a le monopole, qui est donnée en partage à toutes les spiritualités, y compris athéistes, et que celles-ci ont à rappeler inlassablement jusqu’à ce que les gens de bien, ‘’les hommes de bonne volonté’’, s’en saisissent et s’en réclament.

 

C’est d’elle en fin de compte que dépend que dans le monde de demain l’humanité, ayant laissé derrière elle la globalisation des marchés et la soif inextinguible de profit, n’ait plus à se confronter au « visage du paysan menacé, du travailleur exclu, de l'indigène opprimé, de la famille sans toit, du migrant persécuté, du jeune en chômage, de l'enfant exploité, de la mère qui a perdu son fils dans une fusillade (..), du père qui a perdu sa fille parce qu'elle a été soumise à l'esclavage ».

 

Lisons et relisons ce discours ! Puisse le plus grand nombre s’y reconnaître et le conserver en eux, à la mesure de ce qu’il est : une source et une ressource incomparables d’espérance pour notre « petite sœur Mère terre » et pour chacune des créatures que celle-ci porte.

Didier LEVY - 20 JUILLET 2015

[1] De ce constat nait une interrogation … qui contient en elle-même sa réponse. Est-il si étonnant que les médias aient paru se livrer sur ce discours du pape François à un concours de discrétion ? Combien de ‘’Une’’, quels ‘’gros titres’’, quels éditoriaux, les quotidiens et les hebdomadaires les plus reconnus lui ont-ils consacré ? Combien de débats télévisés, sur quelles chaînes et à quelles heures de programmation ? Après tout, n’est-il pas très dérangeant, et très déroutant, que le (lointain) successeur du Pontife du Syllabus, et des différents papes issus du patriarcat romain, vienne affirmer que la foi chrétienne « est révolutionnaire », qu’elle « défie la tyrannie de l'idole argent », et qu’il dénonce de surcroît, et avec quelle force, les formes actuelles d’esclavage et la violence écologique. Inconfortable en tout cas, et d’abord en ce que le commentaire ne peut masquer la contradiction absolue qui oppose le message franciscain et les dogmes de l’ordo libéralisme ultra dominant. Comment des médias contrôlés par des banquiers, par des avionneurs, ou par des hommes d’affaires familiers des marécages de la Françafrique, pourraient-ils être à l’aise devant une proclamation de ce genre : « On ne peut plus supporter ce système, les paysans ne le supportent pas, les travailleurs ne le supportent pas, les communautés ne le supportent pas, les peuples ne le supportent pas... Et la terre non plus ne le supporte pas ». Quelle place aurait en revanche été faite aux propos du pape (s’entend d’un autre type de pape !) si ce dernier avait mis à profit son voyage en Amérique du Sud pour entretenir les journalistes, dans son avion, du ‘’grave désordre que constitue l’homosexualité’’, de son plein appui aux mouvements anti mariage gay de par le monde ou des effets pernicieux du recours aux préservatifs - ou, mieux encore, s’il avait administré aux foules andines réunies autour de lui un rappel inflexible des normes réglementaires édictées par Humanae Vitae ! Ou tenu tout autre position confortant l’assimilation entre christianisme et répulsion de la sexualité humaine … On peut aussi imaginer, en inversant le raisonnement, l’écho qu’obtiendrait le pape François s’il faisait publiquement sienne cette sage pensée d’un patriarche orthodoxe, citée dans une étude de ‘’féministes et croyantes’’ (Michelle .C. Drouault.)’ : « Si une femme et un homme s’aiment vraiment, je n’ai pas à entrer dans leur chambre ; tout ce qu’ils font est saint ».

 

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 15:16

Être présent à l’autre. Être présente à l’autre.

 

Dans mes lectures, je trouve : « Cette intimité avec Dieu m’aide à être plus présent aux autres » ou « - Pouvez-vous citer un geste d’amour ? -Le plus grand geste d’amour, c’est l’attention et l’écoute, être présent à l’autre… »

Comme je suis heureuse lorsque je trouve ces petites perles ! C’est le message altruiste de la Parabole du jugement dernier : secourir l’autre qui est dans la peine.

Mais la vie est-elle comme une balance ? L’idéal serait-il de toujours chercher la position d’équilibre entre deux démarches d’amour ? Car le Christ nous a montré aussi une autre démarche dans ses Béatitudes et certains de ses actes, avec la Samaritaine, sur la Croix : « J’ai soif »… Après la Transfiguration, Il nous invite à retourner à Jérusalem pour rejoindre frères et sœurs mais pouvons- nous découvrir deux versants de la montagne ? Allons-nous vers l’autre pour aider, pour dire notre vérité ou pour accepter de quémander ?

Et voilà que je redécouvre une interview de Lytta Basset présentant, en 2014, son nouveau livre « Oser la bienveillance» (éd. Albin Michel.) Ma joie est grande en relisant ce texte. Il me faut oser la bienveillance !

Être présente à l’autre avec bienveillance, avoir un regard bienveillant, ne pas critiquer, ne pas juger mais avoir une réelle bienveillance qui mène à faire Confiance. Regarder l’autre, l’écouter au point que cette personne se redécouvre meilleure qu’elle ne le pensait, qu’elle se redécouvre digne d’être aimée, qu’elle retrouve sa dignité.

Aimer l’autre avec bienveillance, lui faire confiance au point … d’inverser la situation, de se retrouver pauvre, infirme, malade… et de dire à l’autre : « j’ai soif, donne-moi à boire. » de se retrouver pauvre selon l’Esprit des Béatitudes ! Alors ce serait le miracle d’un véritable partage ! Joie et espérance ! Faire entièrement confiance en une autre personne, c’est merveilleux, cela bouscule totalement sa vie, comme pour Zachée !

Après le lavement des pieds, Jésus dit à ses ami-es : vous avez-vu ce que je viens de faire. Maintenant, lavez-vous mutuellement les pieds. Lavons-nous mutuellement les pieds ! Allons vers l’autre non seulement pour l’aider mais aussi pour demander un service ! Et marchons ensemble sur la route humaine en nous épaulant mutuellement.

« Seigneur que nous soyons assez humble pour accepter de nous faire laver les pieds! Seigneur, donne-nous assez d’amour pour laver, avec bienveillance, les pieds d’une personne en difficulté et que ce geste puisse nous transformer. »

Dans la Joie, la Bienveillance, la Confiance, l’Espérance et la Paix du Christ !

Alice.Damay-Gouin

 

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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 14:28
Invité-es: Katrin Agafia, Marc 4/26-34, le Royaume selon Jésus

Marc 4/26-34

Il disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence :

nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.

D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.

Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »

Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?

Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences.

Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre.

Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

 

Comment partager aux hommes un Royaume qui n’a rien à voir avec les royaumes de cette terre. Voilà une question qui a tourmenté Jésus jusqu’au bout. Mon Royaume n’est pas de ce monde[1], a-t-Il dit à Pilate juste avant de mourir. Dans Son Royaume, les arbres secs fleurissent et les arbres verts se dessèchent ! [2] Dans Son Royaume, les fous discréditent les sages, les affamés détrônent les puissants ! Dans Son Royaume, les premiers sont les derniers et les derniers, les premiers ! Non, vraiment, Son royaume n’est pas de ce monde. Alors, comment dire l’indicible de cette Vérité qui L’habite ? Tout simplement en racontant des paraboles : des histoires peuplées de brebis et de berger, de trésors enfouis, de pièces perdues, de sel et de lumière !

Aujourd’hui, Jésus nous conte l’histoire de grains semés par un paysan qui attend, sans comprendre le pourquoi du comment, l’heure de la moisson. Le temps semble être suspendu au mystère d’une vie qui germe sans bruit au plus profond de la terre. Incroyable Royaume où même le temps est soumis aux rythmes de nos maturations. Impuissant, le semeur attend et sa confiance fait le reste. Il laisse toute sa place au mystère. Il le sait, ce qu’il y a de plus petit est capable de contenir l’infini ; il suffit pour le comprendre de regarder la plus minuscule des graines. Elle se vide de sa substance pour s’élancer vers la lumière.
Etrange Royaume qui appelle à se vider plutôt qu’à se remplir, à se détacher plutôt qu’à s’approprier, pour grandir !
Comme pour la graine, il est alors question d’oser transpercer le poids de nos terres ; oser déplacer cette pierre qui entrave notre chemin pour nous hisser vers ce qui fait notre être tout entier. Comme cette jeune pousse devenue un arbre, s’aventurer à être ce pour quoi nous avons été créés: des hommes et des femmes libres, enracinés dans l’Amour.
Toutes les graines, c’est vrai, ne donnent pas le même arbre, mais, elles portent toutes en elle, la même promesse infinie de vie. Se risquer alors à vivre ! Mais vivre, pourquoi ? Pas pour être le plus fort, le plus riche, le plus intelligent. Non, vivre, simplement, pour abriter les oiseaux du ciel, nous disent les textes… Au fond, rien d’important aux yeux du monde. Juste, vivre pleinement et donner sa vie, sans réserve. Si on est fort, porter ! Si on est riche, soutenir ! Si on est intelligent, faire grandir ! Décidément, Son royaume n’est pas de ce monde.

Le Christ en a raconté beaucoup d’autres, des histoires, mais le monde ne les pas reçues Alors, Il n’a pas eu le choix : les mots de ses histoires ont pris chair en Lui. Il fallait que les hommes aient la vie. Et sur une croix, le grain de blé s’est entièrement vidé. Il ne restait plus rien de Lui qu’une étincelle de Lumière qui traversait la nuit. Et de cette étincelle, la Vie a germé, la Vie a jailli comme un appel à naître à un Royaume, tellement plus grand que nos vies.

[1] Saint Jean ch 18 – 36

[2] Ezéchiel ch 17-24

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